A partir du mois de janvier, la France s’est mobilisée contre la reforme des retraites proposée par Emmanuel Macron et sa Première Ministre Elisabeth Borne.
Il s’agit d’une reforme jugée inutile et injuste par le Conseil d’orientation des retraites, qui a déclaré qu’«il n’y a pas de trajectoire incontrôlée des dépenses des retraites», et d’une loi qui augmentera les inégalités entre hommes et femmes.
La retraite à 60 ans, issue des luttes et des reformes sociales de 1981-1983, est aujourd’hui un objet de fierté de la France face au monde entier.
Le Président voit une urgence économique, pourtant n’a-t-il jamais pensé à récupérer l’argent de l’Etat en taxant les riches et le grand patronat ni en réduisant les missions militaires à l’étranger?
A Marseille, des manifestations syndicales énormes ont défilé du Vieux Port jusqu’à la Porte d’Aix. Militantes et militants des tous les syndicats de France (notamment la CGT, Force Ouvrière, SUD Solidaires…), étudiantes et étudiants, travailleurs et travailleuses, se battent ensemble pour leur avenir et leurs droits.
Tout c’est bien déroulé jusqu’au début des violences policières.
Le matin du 7 mars, à Marseille, pendant un blocage, des lycéens ont été arrêtés. J’ai pu parler avec le professeur du plus jeune des étudiants interpellés, âgé de 15 ans, qui considère son élève comme une personne calme et attentive, pas du tout violente, qui se bat pour ses droit d’une façon raisonnable et légitime. Pourtant, les étudiants pris par les forces de l’ordre sont restés en garde à vue pendant plus de 24 heures, accusés de «troubles à l’ordre public» et de «violence vers des personnes dépositaire de l’autorité publique».
L’après-midi du même jour, après l’arrivée à la Porte d’Aix, une partie de la manifestation a rejoint le commissariat central sur la Canebière pour demander la libération des jeunes interpellés. Des députés, notamment de La France Insoumise, étaient présents. Le rassemblement n’était pas autorisé mais pourtant n’était pas du tout agressif.
La police a gazé et chargé plusieurs fois. Pendant tout l’après-midi, les manifestantes et les manifestants ont descendu et remonté la Canebière pour échapper au gaz lacrymogène et aux charges policières et pour rester hors du commissariat jusqu’à la libération des interpellés; pour se défendre et ralentir les charges, il a été necessaire de construire des barricades, qui se sont révélées assez faibles. Pendant ces charges, des autres jeunes ont été attrapés.
Le 16 mars, après deux mois de manifestations massives en tout le pays, le gouvernement a décidé d’imposer sa reforme avec l’article 49.3 de la Constitution de 1958 (écrite pendant la guerre d’Algérie pour augmenter le pouvoir du gouvernement) au lieu de discuter et de dialoguer avec les syndicats et les députés et les députées à l’Assemblée Nationale. Les motions de censure présentées par plusieurs groupes parlementaires ont échoué. Le jour de l’activation du 49.3, à Marseille, nombreux manifestantes et manifestants se sont trouvés hors la Préfecture; la rassemblement est bientôt devenu une manifestation spontanée.
La seule réponse du gouvernement aux millions des manifestantes et de manifestants en colère a été, à nouveau, la police armée.
Le 19 mars, a Marseille, le gaz lacrymogène et le coups des matraques n’ont épargné même pas la fête du Carnaval indépendant de La Plaine.
Tout cela, c’est un attaque contre le droit constitutionnel de manifester et, donc, contre tout l’état de droit républicain que les forces de l’orde devraient protéger.
Le 22 mars, le Président de la République s’est exprimé. Avec son discours arrogant et méprisant, il voudrait nous apprendre la différence entre «une foule illégitime» (se réfère-t-il à tous les syndicats du pays, qu’il n’a pas voulu rencontrer ni écouter?) et «le peuple qui s’exprime à travers de ses élus» (qui pourtant, avec le 49.3, non pas eu le possibilité de s’exprimer démocratiquement). Après avoir refusé de parler avec les représentants des syndicats, le Président les a accusé de n’avoir chercher aucun compromis avec lui. «L’échec de la motion de censure a démontré qu’il n’y a aucune majorité alternative», dit-il; portant la majorité du peuple français a dit très clairement: non a cette reforme; la retraite, c’est à 60 ans.
Après tout cela, la rage du peuple bafoué a éclaté dans toute la France.
Est-il démocratique de recourir à l’article 49.3 de la Constitution 12 fois en 11 mois?
Est-il légitime de faire une reforme qui changera complètement le marché du travail et la vie des Français et des Françaises en la cachant dans une loi financière sur les budgets de la sécurité sociale?
Est-il possible de ne pas voir les millions de manifestants et de manifestantes dans la rue?
Le gouvernement, comment justifie-t-il les centaines de personnes blessées par les flics et intoxiquées par le gaz lacrymogène?
Le Président, a-t-il peur d’écouter le peuple de France (par exemple, avec un referendum) et les personnes démocratiquement élues (avec une normale votation parlementaire)?
Sera le Conseil constitutionnel qui devra répondre à toutes ces questions, ayant le peuple français déjà répondu.
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